CLARA VINCENT





PALEFRENIER DE TON CHEVAL






poèmes






1977 (édité plus tard)












TOUT À TOI
FEMME
ADORÉE
INDESTRUCTIBLEMENT



Il était une fois
Une super salope
Garce souriante
Qui m'a complètement pliée
À toute sa vie

*

Tu n'es pas là
Il est en croix mon coeur
Qui le déclouera

*

Mon amour grâce
Ne baisse le petit doigt
J'aurai l'impression que tu m'oublies
Même la poussière ne souffre pas
Ainsi

*

Tu es venue me chercher dans ma poubelle
Mais c'est alors que le ciel
Qui d'un clochard
Qui d'un bâtard
De l'avorton blafard
A fait le roi d'or
Adulé de ton corps


Tout ce tas d'amour
Qu'au milieu de ces banlieues du néant
On cherche comme une lumière
Ce serait comme un Espoir intérieur
Emprisonné de noir carcéral bétonné
Un désir gentil et de calme
Bourrée de coups de poings d'accord
Une explosion sensuelle et intelligente
Sur quelqu'un de pas con
Consentement et radieuse
À tout mon être qui crie
Qu'il y a toujours
Une solution amoureuse





PALMA DE MAJORQUE

Le petit Kafka
C'est à cause du singe
Il n'y comprend rien
Il se sent vain
Vain
Je m'aperçois les larmes aux dents
Que je n'ai aucune existence sociale








Mon amour
Rouge et noir
Ou tout doux
Tranquille pleurant
Ou hurlant vibrant
Mon désir de toi
Éperduement brillant
Te racontant aussi
Mes amitiés de ces bandes-là
Qui tout voulant
Se fracassent tragiquement
Aux murs des arnaques
Que dresse en ordres solides
Ce monde-ci et là
Qu'il nous faudra sauver
À coups de fraternité efficace
Et de déchaînement de coeur...



Si tu aimes les baffes
Surtout fais gaffe
Le tonnerre a des accents
Libérateurs sur ton sang
De ma violence intérieure
Sur la beauté de ton corps rieur
Et provoque au massacre assuré
Tu me regardes consentante et rassurée
Car plus je t'aime
Plus tu aimes
Mes soleils éclatés
Sur nos voies lactées



Mon petit chaton
Dieu que la terre est belle !
Pourquoi donc
Les malades de la banque
S'acharnent à l'exploiter
Jusqu'au summum de la dénaturation
Pour quelques dollars
Il te ferait sauter
Un coucher de soleil
Une aurore lumineuse
Une rosée de la nuit
Un désert au sable chaud











Y'a des lézards
Dans ce monde-ci
Regardez les souterrains
Se traînent les sidéens
L'impuissance pénétrante
Qui m'assaille à me coucher
Des millions de soeurs frères
En silence agonisants
Et une poignée
En pleine Lumière
Découverte et réelle
À qui l'on appartient











Mon amour adorée
Une vraie belle tête
De p'tit pédée à claques
Viens là de suite
Y'a comme de l'amour insensé
Qui fait partir mes sens
Tout fort contre ta gueule
Et qui pleure profondément en silence
De n'exister qu'avec toi libre
Dont je suis le héros
Complètement amoureuse






Ne méprise pas ta vie
Elle a son plan
De cauchemars en aurores
Fais oeuvre de résurrection
Le sens de ton existence
C'est l'amour
Tout le reste est satellite
Ou carrément vain

*

Il n'y a jamais plus d'espoir
Qui sait
Qui d'un bloc de marbre brut
On ne fera jaillir une pietà
Qui pourra m'empêcher de croire
Que d'un coeur de pierre
Pourra couler
L'eau des larmes et des fraternités...
Du don...
Véritablement...










PROBLÈME

Combien de temps
Met un intellectuel
Entre les idées de sa tête
et ses poings

*

- Qu'est-ce que la Vérité
lui répondit Pilate







POLITIQUE

L'homme politique parle :
Avant Moi,
Nous étions au bord de l'abîme
Depuis,
Nous avons fait un grand pas en avant.

*

Si j'étais machine
Je serais machinale
Si j'étais un objet
Je serais objectif
Si j'étais caillou
Je n'aurais pas d'amour
Si j'étais mort
Je ne combattrais pas tous azimuts
Envers et contre tout
Pour faire cogner ma vie
Et construire son alentour












Il ne faut pas jeter le bébé
Avec l'eau du bain
Le ministre parle :
la première poule qui chante
Est celle qui vient de pondre l'oeuf
En tout cas une chose est sûre
L'argent ne fait pas le bonheur
Mais il y contribue
Tu aimes mieux ton papa ou ta maman
J'aime mieux le lard










Tout perdu au nom de l'Amour
Tout gagné
Vivez serein
Dans la commodité
D'une bonne paire de chaussures
Plus de situation sociale
Mais comme un courant intérieur
D'amitié béton et de compassion
De liaisons coeurs à coeurs
Loin du marketing d'humains
Où l'on devient soi
Sans apparat menteur
Qui ne m'atteint pas...
Même à rire











Rappelle-toi
Je t'ai fait une super
Déclaration d'Amour :
Mon poing sur la gueule
En hurlant :
" Le jour où tu comprendras
que je t'aime
Je pourrai enfin être
OUI !!!!
Et ce fût radical "
Tu m'as aimée... PARADISE !








Petite garce mon femme
Tiens-toi comme ça
Debout t'avançant vers moi
Quand je vais pour m'abandonner
Beau entre tous les puissants
Androgyne unique et libérée
Corps superbe de splendides
Mouvements d'homme
Qui connaît d'abord
Ces sortes de caresses florales
Avant que d'user
De ta force imbattable
Redoutable
Terrasse-moi encor
Toute à toi
Je n'ai je ne veux
Je ne vis je ne pense
Qu'à ton étrange amour
DÉSIR IMMENSE





Comme un ruissellement d'or
À la brillance toute travaillée
Telle une oeuvre d'art précieuse
Toute de finesse sculptée
Une lumière d'amour
Dedans qui transparait physiquement
Une idée du Paradis
Quand je songe à ton visage
Une perfection radicale
Toute d'équilibre calculé
Ton coeur immense qui se lit
Jusque dans tes gestes quotidiens
Qui flambent de noblesse
Mon amour, ma femme mon âme
C'est ainsi que pour la première fois
Je t'ai vu m'apparaître
Et être vraie
Pauvre de moi
À la vie flashante
Dedans en croix
Tué, mon Soleil ressucitera
Au jour où tu diras OUI
À la mort à la VIE





Moi j'agis
Toi tu penses
Moi je suis
Toi tu sais
Tout en ce qui nous concerne
Tu ré-a-li-ses
Des fois tu restes en suspension
C'était un exemple ad hoc
Intelligence aux sublimes horizons cultivés
Parfois même t'es écarlate
(et un coup de latte)
C'était entre parenthèses
Souvent je te crie toute charmée
Que je suis par l'abondance
De ton désir autant que belle
Et j'épate ma nana
En lui tapant de beaux poèmes
Gosses des temps modernes
Explosez-vous d'invention
De vie d'amour de vrai
Inondez-nous d'existence
Créez du beau
Courage je vous aime









Ma soeur, mon aimée, mon amante
Puissance de ta tendresse
Dans mes baisers blessés
Mouvance de nos corps
Quand nos coeurs se chantent
Des hymnes au sublime

Tu m'as dit de vivre
Alors je t'obéis
Quand reviendras-tu
Habitée de vie
Ma triste histoire
Quand resteras-tu
Quelques instants peut-être
Des heures dans mes bras







Mon amour
Parle-moi vite
Je me fais peur
Pourquoi que je te crie comme ça
Moi qui t'aime tant
O Quoi l'a fait moi
L'est tout taché de sang
Le petit corps
De ce salaud de putain de ma mec
Mon amour embrasse-moi vite
Explique-moi de suite
Comment je t'aime comme ça
De cette manière-là
Et tu me souris amoureusement
Tout tranquillement
Et tu m'aimes sans problèmes
O mon amour
C'est une délivrance
O mon amour merci merci merci merci merci





Mon femme à moi

Plus beau que tes seins
Que dans mon torride délire
J'envie plus que du pain
Que la vie qui de moi vire
De l'espoir ce soir tu veux
Une montagne de rires libérés
Un déchaînement de forces que
Sur ton corps bagarré
Putain de garce de salope
Plus belle tu meurs
Amoureuse à en crever le réel
Branchante et vibrante à mes bottes
Insolente insultée pour l'amour
Ton corps entier étincelle
Et jaillissent de mon ventre
Des mots des coups
Des blessures si agréables
Que tes yeux provoquent des incendies
Radieux comme dix mille soleils
Ainsi tu m'aimes comme moi
Pénétrée par tes revanches





Mon chérie
Ne tremble pas comme ça
Sérénité courageuse
Au lieu de cette Terreur Inutile
Cette épreuve cardiaque
Ou ma vie à tout moment
Peut partir
Cette douleur en ma poitrine
Ces arrêts du souffle
Sont là pour te faire comprendre
Qu'il te faut désormais
Lever jusqu'à l'Infini Éternel
Notre amour Immense
Qui déjà se doutait
A l'impossibilité d'une fin
Cesse de pleurer amour
Ce ne fut encore pour une fois
Qu'une simple parenthèse
D'où je te reviens
Ainsi dois-tu savoir
Qu'il est un autre monde
Courage Amour Courage
Aime et fortifie-toi
Qu'il est un Ailleurs
Où encore tu entendras
Mes " je t'aime " incessants
Jusqu'à l'extrême du désir
DEBOUT MA CHÉRIE DEBOUT !








Tu sais où je rigole
C'est quand sous la camisole
Les salauds s'imbriquent entre eux
Disant que les prolos ont le sang chaud
Mon sang c'est le soleil
Et dans mes artères la vie
Qui craque et qui dit
Jamais la mort ne me piquera
De son venin chimique
Soleil qui cogne dans ma poitrine
Rythme des saisons et des orages
Tonnerre qui abreuve la terre
Et coule sur mon corps
Qui explose dès que, un jour tu
Comprendras mes gestes
Insensés, inouïs, spacieux

Que je veux sur toi
TU VOIS JE RÉVEILLE




Soleils rouges au soir
Dans les pays de ma non-souvenance
Attente des orages grandioses
Au milieu des absences humaines
Je pressentais déjà dedans
Mon pauvre être qui voulait naître
L'existence splendide et l'autre de moi
Aussi radieuse qu'amoureuse
Qui serait : O : l'intérieur de moi-même
Pis encore
J'avais l'envie immense au profond
D'une femme beau comme une lumière
Dans le noir bagarré
De mes HLM quotidiens
Toi toi mon amour à moi
Qu'à moi désormais
Tu es ma complétude parfaite
Comme une moitié de quoi que ce soit
N'existe pas
Et je t'apporte
De ma présence adorante
L'ouverture réelle
Vers l'infini que tu avais en toi
Le pressentant sans le savoir
Aime-moi...
D'autres sont moi : nous sommes




Baladons-nous amour
De ravins en Océans
Marine au soir
Ainsi mes yeux
Tonnerre Éclairs Pluie Orage
Je te roule couche tombe
Dans la boue terre détrempée
Toute habillée mouillée
De lambeau de gadoue
Maintenant

La force de mes grands coups
Vrombit aussi dans mon ventre
Un peu de sang dégoulinant
Embrassons-nous nues désormais
Dans cet espace déchaîné
Baisers longs douloureux
Jusqu'à l'Éclaircie certaine
Qui verra tes yeux amoureux
Me baiser de désir
Et tout encore
M'aimer tranquillement
Délicatement avec le temps
Doucement sereinement
Ton sourire calme !
O ! ton sourire...






Des sous des sous des clous
Des clous de girofles
Tous à la cloche d'or
S'en viennent s'en vont
Tous à Majorque
S'en arrivent s'en repartent
De si beaux champs de blé
O combien fauchés !
Un franc deux francs des francs
Plus trois dollars
Que je n'ai même pas
Des sous des sous des fous
De liberté
A la grâce du signe
de la Très Sainte Providence
Gérer du centime
C'est gagner tout l'espace
Du non-emploi du temps
Des sous des sous des insoumis
Et l'honnêteté de la non-ingérence
Dedans tous les rouages sociaux d'autrui
Des sous des sous des sous parachutés
Au gré des circonstances


A considérer
Vaut mieux un saucisson pas cher
Qu'un bon petit viol
Même conjugal
A deux, mon amour, tu verras
Je te trouverai
Notre igloo protégé
A nous autres, les gosses de rien
D'inventer notre manière déchaînée
Inasservie de s'en sortir malignement
Sans contraintes zonardo-juridiques
Intelligemment
Indépendemment
Un peu d'astuces ! Bon sang !



CASSE

Casse la monotonie
Du morne emploi du temps
Fonce fonce dans le vouloir
Le désir d'amour
Brise à tout rompre
L'autoroute tracée
Du fatalisme
Qui ne mène nulle part
Fais péter détraque
Les fatigues des levers de sommeils
D'horaires obligatoires
Prends le risque vital
D'aimer sérieusement
Combats combats
Tant qu'il est l'aurore
Au nom de la justice
Dans la non-violence
Passionnément et puissamment
Explose-toi
Innocemment
Dans un corps à corps
Brûlant et mérité
D'où jaillit
De détresses en victoires
Le bonheur d'être


Venez donc dans les cités d'urgence
Qu'avait tant rêvées l'abbé Pierre mon frère

Venez-y rien qu'en vacances
Et vous verrez l'arabe mon frère
Les couloirs la torture des bruits
Des coeurs en prisons

Les corridors et aux fronts la suie
Et les lointains horizons
Des coeurs qui rêvent

A une trève
Où des champs de blé
Doivent exister quand même
C'est ce que je me dis en espérant
Les riches !

Passez-moi une mitraillette
Pas sur toi bien sûr
Mais sur ton fric
Que petit pour une glace à la pistache

Celle qui m'a gardée a pleuré d'impuissance
A me le payer vrai de vrai

J'ai vécu ça







Je travaille
Et je bâille
Devant l'affreux bureau
De Monsieur le maquereau
Passent les heures
Qui endorment mon coeur
Hurle tout moi
Je veux il faut je crois
Éclatement du cri
Qui dedans gît
Je veux vivre
Dans ton corps de ta peau
Sur cette terre belle et donnée
Gravir ton désir rebelle et nous
Coucher sur le sable des déserts
Avant la mer
C'est comme un jaillissement d'enfant
A la joie la puissance la non-limite
De la vie








De la chair à canon
Et de la Kronenbourg
Que demande de plus
Une bonne partie du peuple
Et toi l'associal
Qui comme moi
Voudrait t'en tirer
De leur connerie
Rêves d'amour
Et de grands espaces
Surtout tire ton épingle du jeu
Dans l'absolue amitié
Et pense donc un peu
A sauver ta propre gueule
Quand elle ne fait qu'aimer
Dans l'immense chaîne des fraternités
Et qu'importe où ça te mènera







J'emmerde Certains
Et l'armée qui bat le beurre
Et la tour Eiffel
Et l'autoroute du soleil
Et le guichet d'une banque
Et la ronde ronde ronde

Du monde monde
Du travail pour confort
Et la télévision
Toutes les émissions
La salade aux lardons

Les petits crèmes du matin

J'emmerde vos portefeuilles

Où sont vos coeurs






Il y a des jours comme ça
Où j'aime tout le monde
C'est l'été et le vert des arbres
L'eau glacée des rivières
Et tes seins si tendres
Que je devine pour un jour
A la radio dans les journaux
Dans le crâne tout gris
Des fouineurs de catastrophes
C'est le bien le beau la joie
Qu'il faut capter
Comme la ruée vers l'or
Du grand Ouest
Tiens regarde
Y'a un gosse en moi
Tout vivant tout explorateur
Émerveillé à toute ta vie
A qui jamais la mort ne fait peur
Tu es belle mon amour
Au midi de nos baisers
Soleil




Par les sentiers multiples
Splendides des amitiés chaudes
J'aboutirai à l'amour amour
Hors des temps cadencés
Des tueurs de nos heures
En dehors des pointeuses
Métalliques assassines de tes ans
Au-delà des achats matériels
Qui te bouffent ta vie libre

Société société

Société télévisée société
Société endoctrinante société
Société geôlière des désirs
Société société nazi du gratuit
Société société consommatrice de toi-même
Prends la porte sauve-toi l'oiseau
Va par les collines
Passe les ravins
Les sourires sont ailleurs
Le beau est dehors
L'eau est ta vie





Calmes soirs chauds d'été environnant
Dans l'exil de ton attente paix
Certitude de la douceur de ton corps ardent
Pleurs tranquilles et coulantes ondées
Amours au féminin et gerbes de fleurs rouges
Désir profond tout entier blotti dedans
Et expansion sans mesure de mon cri
Appel de toi
Je suis un appel de toi
Je suis une soif de toi
Je suis un espoir de toi
Toute tendue vers cet état d'union
Cet abandon désintégré à tes gestes
Et caresses mouvements inconnus
De nous un de nous deux toi
Nous deux moi
Brûlance douloureuse
Amour fait bien attention tu m'aimes
Et cadeau te le dirai-je de ma virginité
Amour mon amour de puissance amoureuse
Larmes
Qu'il est long le temps du désir





Le mot patience
M'est une douleur
Plus de détresse
Qu'une crucifixion
Obéissance à l'ordre
Sublime de l'Amour
Calme ton cri incommensurable
Jusqu'à l'extrême de la souffrance
Le mot patience
Devient un baume
Quand je devine déjà
Qu'il faut se construire
S'apaiser sans se tuer
Se bâtir dans un corps
Qui ne s'éclatera
Qu'avec toi
Un caractère s'élaborant
Pour un regard profond
Une architecture totale
De tout mon être
Structure enfin solide
Fort et aimant
Patience alors patience
Violence et courage





Ta soumission extrême
M'enflamme
Mon amour
Qui donc est l'esclave
Quand c'est moi qui
Suis suspendue
A tes désirs-souffrances
Te brûlant amoureuse-d'amour
Libre dans tes chaînes choisies
Par toi-même
Qui donc est l'esclave ?
Quand c'est moi-même
Qui n'existe qu'avec toi
Unique
Indispensable
Radieuse
Amoureuse je suis
Incendie dans mes sens
Mais qui donc est l'esclave ?
Unique
Indispensable
Radieuse

Mon amour

Tu es mon femme
Tu es la flamme de mon ventre
Et la libération de mon coeur
Tu es mon don mon cadeau inouï
Mon trésor à moi
Sous le ciel resplendissant

Mon amour

J'attends un regard
J'attends un doigté insensé

De ton corps au mien

Mon amour sois tout toi
Quand je te dis
Du fond de mon infini
JE T'AIME

Courage fortifie-toi
Car l'amour est toujours fort

Bien que c'est à mes pieds
Que tu es le mieux
Mais tu me montreras
Plus encore






C'te fille
Du noir de ma zone
Tu m'as fais regarder un enfant
Écouter l'aube au levant
Sourire à ta tendresse
Espérer n'empêche
Ouvrir les yeux à l'avenir
Changer haine en soleil
Vivre quand même
Tu as su pleurer consciemment
A mon passé d'abîme
Et me rendre une existence
Tu as supporté mes déroutes
Jusqu'à désarmer tous mes doutes
Et me rendre à l'évidence certaine
Qu'aimer est le seul et vrai remède
Dans ce monde drogué
Par le non-sens des objets
Et tous ces coeurs
En prison...





Ritournelle
J'suis pas d'ta classe minette
J'suis pas d'ta race
T'es dans la crasse ma chatte
Dans tes godasses
A cause de moi c'est net
T'es toute grillée
Parce que j'te mate d'amour
Et des coups de latte
T'es toute jolie aimée
T'es toute polie
Tu veux que moi amante je sois à toi
T'en veux encore mon femme
T'en veux d'abord
Que les voisins surpris
Que les gens bien médisent
Car tout mon genre ma flamme
Te fait bondir autour
De tout mon être toujours
Tu vois j'te fais la cour
De tout moi rieur
Qui dans toi se coeur



Je hennirai ou je ferai le rasta
Je me ferai cavalier, femme ou mec pour toi
Je serai un, je serai moi
Je me ferai patriote ou révolutionnaire
Je t'inventerai une réalité d'abandonnée
La vérité c'est Alger mais qui le sait
La réalité c'est personne mais qui me la donne
Je serai arlequin aux tristes yeux bridés
Pour toi je serai ambassadeur
Ou ramasseur de poubelles
Pour toi je serai fille ou fils d'un cheik
Ou alors gosse des HLM

Je serai reine ou roi de la zone industrielle
Ou alors encore perdue close et apeurée
Ou alors encore matante flanchante ensoleillée

Pour toi ce que tu veux
Mais c'est incroyable tu me regardes
A croire que tu comprends tout ça

Taillée à la charrue
Je me plais à penser
Que je te vois nue
Comme un bijou travaillé
Je suis si tu es







Tu étais d'un pays
Chouinant froid de saisons en saisons
D'un entourage bien au chaud
Épargné et fonctionnarisé
Aussi trépidant de vie
Que le Bas-Rhin un soir de novembre
D'où ?
D'où ce désir insensé
En béton dans ton dedans
Qui t'a fait tenir envers et contre tout
Jusqu'à mon être éclaté
De soleil de musique d'enchantante violence
De rires de véhémence puissante dingue
Cependant Providentielle
Qui m'a fait te munir à jamais
A la jouissance extrême amoureuse
D'être ton libérateur tout tétanisé
D'être aimée par tout toi...
T'es si beau quand t'es contente

MON AMOUR

Se lève l'aube sur la ville
Je t'aime
Ainsi aujourd'hui
Qui seul
Réellement existe
Mon amour mon amour
Mon amour à moi
Belle irradiée je suis
Rêve tranquille
Je suis là
Navigue sereine
Couronnée de mon désir de toi
A flots et contre-courant
Flashe dans ton imaginaire imagé
Autant de paysages rouges sang
Sang sang de toi
Glisse érotiquement fortissimo
Confiante et libre
Radeau arraché
Des berges moralisantes
Paquebot grandiose aux visions
Frénétiques
Ouragan pas sobre d'amour
Insensé
Navigue amour navigue
Navigue encore toujours tout carmin
Bleus mes yeux tout océan au soir

Posés d'envie recouvrant amoureuse
Amoureuse amoureuse
Que de toi
Mon amour
Mon amour qu'à moi
Esclave sans pareille
Toute enchaînée
Consentement à mon soleil
Dont le sais-tu
Tu es la lumière

Dis mon amour
N'as-tu pas entendu
L'espoir des lendemains
Qui te tient
Droite et sûre
Sur le chemin d'aujourd'hui

Dis mon amour
Ne devines-tu pas
Que c'est demain
Que si tu l'oses
On s'embrassera

Dis mon amour
Ne sens-tu pas ce soir-ci
Où tu te meurs de peur
Où tu risques notre vie

A flamber les douanes médicales
Et les civilisations capitonnées
Et les désastres sociaux
Et les familiaux parachutés
Et les poubelles de mon histoire
Et les et caetera
Qui nous écrasent

Ne sens-tu pas ce soir-ci
Qu'il faut, des fois à deux
AIMER À MORT


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